Les perversions narcissiques
- Popi Oreo
- 22 août 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 sept. 2024
Paul-Claude Racamier, les perversions narcissiques
1987, Racamier décrit le premier le fonctionnement de cette pathologie. Il l’analyse dans les familles, les couples, le travail, lui-même ayant souffert dans son institution du dévastement de pervers narcissiques ayant pris le pouvoir de son lieu de travail.
Première différence avec les perversions sexuelles (telles que le fétichisme, le voyeurisme étudiées par Freud) : la perversion est morale, narcissique. Tout le monde peut avoir des moments ou des mouvements pervers (face à un deuil, une perte importante). Mais pour qu’il y ait une véritable organisation, structure, il faut plusieurs conditions : il faut une expulsion hors de soi (ou hors de la famille) de douleurs et de conflits déniés et rejetés et l’augmentation de la valeur narcissique propre au détriment de l’autre. Il faut également un milieu qui s’y prête et qui laisse prise à ce mouvement pervers.
Le pervers narcissique est englué par l’envie de Mélanie Klein, dans une position schizo-paranoïde qui le pousse à la prédation de cet objet-non objet, cette intolérable incomplétude et la volonté féroce d’échapper au deuil originaire. (Il ne supporte pas de ne plus être dans le désir de sa mère, collé à elle, dans un moi-idéal tout puissant). L’universelle mégalomanie infantile et primitive en forme le noyau. Ce qui guette le pervers narcissique est la dépression narcissique .
Il est incapable d’aimer : il n’y a pas d’objet d’amour mais des objets- choses à utiliser.
Disqualifiée, diminuée, quasi morte car son narcissisme et son désir ont été totalement saccagés, la victime ne fait plus envie et ne représente donc plus aucune menace de souffrance narcissique pour le pervers. La jouissance du pervers vient de ce mouvement de survalorisation de soi (Moi grandiose) qui se débarrasse en les expulsant de toutes ses douleurs sur autrui qu’il va pouvoir détruire ensuite.
Le pervers narcissique est dans l’action et très peu dans le fantasme (au contraire du névrosé comme vous et moi). Le seul fantasme sous-jacent et originel est celui de “l’Enfant-depuis-toujours-et-à-tout-jamais-irrésistible”
Racamier rappelle que le pervers narcissique peut être une femme : la phalloïde, proche de la paranoïa de par sa férocité et de la psychose passionnelle. “La mère castratrice phalloïde, profondément haineuse, sans cesse évitant la dépression, avide de posséder ses proies jusqu’à en disposer mortes, et capable d’utiliser ses propres enfants comme otages, instruments de vengeance et projectiles téléguidés.”
(voir le syndrôme d’aliénation parentale)
Chez l’homme, la perversion est plus avantageuse et chargée de suffisance, proche du narcissisme glorieux.
Il (ou elle) a l’illusion de remplacer vraiment et impunément le père auprès de la mère, père qui est évincé en pensée et en fait. Il y aura donc évitement de l’Œdipe et déni de la castration, démantèlement du Surmoi et donc “immunité conflictuelle”.
Je ne suis pas châtré dit l’homme pervers narcissique, la preuve: je suis le plus fort. Je ne suis pas châtrée dit la femme perverse narcissique, la preuve: je châtre tous les hommes et surtout ceux qui me plaisent.
Il jouit de se valoriser au détriment d’autrui. Très doué pour repérer, fasciner et intimider sa proie (“parade avantageuse à grand renfort de plumes, crêtes et jabots destinés à éblouir”), si celle-ci repère et évente la manœuvre, le pervers passera à une autre victime. “Il décroche non par conscience mais par opportunisme”.
La folie narcissique : sous l’emprise de la réussite, de la propriété et du pouvoir qui confirment sa grandiosité et sa conviction de supériorité sur les autres, le succès qui enivre et précipite le sujet dans la maladie, le “Moi flambe”. Il est dans la jouissance et l’ivresse narcissique. Souvent associée à l’addiction (sexe, alcool, drogue, jeux..). Personne ne peut l’aider ou le raisonner, il n’écoute personne. “Déjà démuni de freins, le moi de l’enivré n’a pas d’oreilles”. Suit une mégalomanie maligne (envahissante et dangereuse). “Tête dressée, menton relevé, regard brillant : la folie narcissique se reconnaît au premier coup d'œil” (exemple Mussolini). Après cette ascension suivra la chute dépressive. Ce tableau évoque l’accès de manie.
Pour finir, très peu viennent consulter un “psy” étant donné que leur manque d’intelligence (mais pas de ruse) leur fait croire que le psy n’est pas fait pour eux qui sont si géniaux. Le problème ne peut venir que des autres.

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