La loi de la mère
- Popi Oreo
- 16 juil. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 sept. 2024
Je lisais un livre de Geneviève Morel, La loi de la mère et je décidai de vous transmettre ce que j’en avais reçu, sachant que le contenu est ardu ! Quelle psychanalyste de talent! Je la trouvai avec quelques autres sur le même thème des relations mères filles et mères enfants en général, juste au premier plan de la bibliothèque maternelle, comme si, avant de partir, elle m’avait fait un clin d’œil de psy à psy, de mère à fille. Lis ça ma chérie, et tu comprendras peut-être pourquoi j’ai eu tant de mal à être mère et toi fille.
Freud nous a dévoilé ce qui se passe autour du complexe d’Œdipe, le concept qu’il a créé et qui désigne, de façon universelle, cette attirance pour la figure parentale de sexe opposé et la haine contre le parent de même sexe. Comme Œdipe, le garçon veut coucher avec sa mère et tuer son père. Bien sûr c’est un fantasme, inconscient, mais qui crée un grand sentiment de culpabilité!
Heureusement, la loi du père, qui rappelle la Loi commune à tous, à savoir l’interdit de l’inceste et du parricide ou du matricide, sauve l’enfant de tels projets et lui ouvre la porte du monde génital et du monde de la connaissance : tu pourras prendre du plaisir mais en dehors de ta famille.
Au complexe d'Œdipe suit la phase de latence avec un retour au calme et l’introjection de la loi paternelle (la loi de tous) par identification au père.
Mais que faire si le père est absent ( mort, jamais connu, parti..) ou sa loi violente et abusive ? Un autre adulte peut jouer ce rôle séparateur de la mère ( oncle, grand père, professeur..) ou bien la mère désire ailleurs ( son travail, ses amis, une passion..) et par ce désir autre que celui de son enfant, elle lui permet d’accéder au symbolisme et à l’autonomie physique et psychique.
Que se passe-t-il si la loi maternelle, la première loi connue du bébé, s’éternise sans que rien ne lui barre la route ? C’est à dire ce désir de la mère pour son bébé, ses projections fantasmatiques, les images qu’elle lui colle, les mots qui le qualifie ne sont pas arrêtées par un Autre ? Par exemple ces mères qui dorment contre leur enfant, qui réalisent leurs rêves au travers d’eux ( exemple être danseuse, médecin..), les étiquettes qui hantent l’enfant toute sa vie ( tu es timide, maladroit, beau.. tu n’es pas doué à l’école..). L’enfant ne sera pas capable de vivre, aimer, désirer (apprendre à l’école, avoir des amis, tenter des expériences sans suivre les projections maternelles : pas danser mais faire du cheval! Pas le piano mais la batterie !) et grandir pour accéder à sa personnalité, faite certes d’identifications aux parents et modèles rencontrés sur son chemin, mais aussi de recherches et tentatives pour trouver son Self bien à lui.
On retrouve chez les psychotiques ce manque de loi paternelle, cette fusion éternelle avec la mère et ce temps qui s’arrête au stade oral, celui de la toute-puissance, de l’indifférenciation d’avec le monde extérieur. Trop de mère et pas assez de père. Père fuyant, absent ou violent et mère qui se console avec son enfant. Bien sûr il y a aussi d’autres facteurs et une grande part de génétique dans la psychose.
Ce qui m’a intéressée dans ce livre écrit par une femme, c’est la nécessité pour la mère de
pousser son enfant vers l’extérieur, opérer une séparation. On pense souvent que c’est au père de jouer le tiers séparateur, mais c’est le travail de la mère, même si un père présent suffisamment bon ( ni violent, ni absent, qui prend plaisir à être père, qui prend soin de femme et enfants) va jouer un rôle capital dans ce travail de deuil que doit faire la mère.
Travail très douloureux et quasiment impossible si la mère a elle-même vécu une fusion avec sa mère et une séparation compliquée. Comment en effet repousser ce morceau de soi, ce
prolongement narcissique qu’est son bébé ?
En désirant ailleurs. En maintenant son rôle de femme intacte. En ne devenant pas juste une
maman. Au delà de six mois de fusion, il faut couper le cordon mesdames!
Aux hommes de notre vie de nous y aider jour après jour : nous séduire, nous consoler, nous
écouter, nous faire rire et rêver, nous enchanter!

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