L'hystérie et la psychanalyse : l'hystérie ou l'enfant magnifique de la psychanalyse, Juan-David Nasio
- Popi Oreo
- 1 avr.
- 13 min de lecture
Dans ce livre, Nasio rend hommage à l’hystérie, qu’il appelle "l’enfant magnifique" de la psychanalyse parce qu’elle a été à l’origine même de la découverte freudienne. C’est en travaillant avec des patientes hystériques (comme Anna O. ou Dora) que Freud a élaboré les fondements de la psychanalyse.
1. L’hystérique, un être de désir
L’hystérique est traversée par une angoisse du désir de l’Autre. Elle veut être désirée, mais craint en même temps ce désir.
Elle vit une tension permanente entre exhibition et pudeur, entre séduction et refus.
Nasio montre que l’hystérique ne cherche pas seulement à séduire, mais surtout à être le centre du désir de l’Autre, à en être le "phallus" imaginaire (ce qui manque à l’Autre).
2. Une structure du sujet, pas une maladie
L’hystérie n’est pas une pathologie, mais une structure psychique stable, comme la névrose obsessionnelle ou la psychose.
Elle peut se manifester par des symptômes physiques (troubles somatiques), mais ce sont des mises en scène de conflits psychiques inconscients.
L’hystérique est souvent hypersensible, expressive, intuitive, brillante, mais elle souffre d’un manque de solidité identitaire, et d’une quête inlassable de reconnaissance.
3. Un théâtre du corps
Le corps de l’hystérique est souvent le lieu du symptôme : crises, paralysies, douleurs, etc.
Nasio parle d’un théâtre du corps, où le symptôme hystérique est une façon de parler avec le corps quand la parole est impuissante.
4. Une relation singulière au savoir
L’hystérique sait sans savoir : elle sait des choses de l’inconscient, mais ne veut pas les reconnaître consciemment.
Elle provoque le savoir de l’analyste, elle pousse l’analyste à dire ce qu’elle-même refuse de savoir. Elle joue donc un rôle moteur dans la cure psychanalytique.
5. Une position féminine
Nasio décrit l’hystérie comme fondamentalement liée à la position féminine, qu’elle soit incarnée par une femme ou un homme.
L’hystérique cherche à incarner ce qui manque à l’Autre, ce que Lacan a nommé le phallus symbolique.
Elle ne sait pas "qui elle est pour l’Autre", et c’est cette quête identitaire qui produit la souffrance hystérique.
Pourquoi "magnifique" ?
Parce que l’hystérique met en lumière le désir, le manque, la jouissance, l’inconscient, toutes les grandes questions de la psychanalyse.
L’hystérie n’est pas une caricature, mais un mode d’être au monde souvent plein de créativité, de théâtralité, et de sensibilité.
Origines de l’hystérie selon Nasio et la tradition psychanalytique
1. Le traumatisme infantile (Freud)
Freud pensait au départ que l’hystérie avait pour origine un événement sexuel traumatique réel, souvent une séduction ou un abus dans l’enfance.
Puis, il a évolué : l’hystérie ne vient pas tant d’un événement réel que de la façon dont un fantasme inconscient est représenté et refoulé.
L’hystérique vit dans un conflit entre désir et interdit, où le désir sexuel (souvent œdipien) est inacceptable et donc transformé en symptômes.
2. La scène primitive et l’envie (Klein)
Pour Mélanie Klein, l’hystérie prend racine dans les fantasmes précoces, surtout ceux liés à la scène primitive (le fantasme de voir les parents avoir des relations sexuelles).
L’enfant fantasme une union des parents qui l’exclut. Cela crée un sentiment d’envie, de jalousie, parfois de haine.
Klein introduit une dimension plus archaïque, plus préœdipienne, marquée par des angoisses primitives et des pulsions destructrices.
3. Le manque dans le désir de l’Autre (Lacan)
Lacan reformule complètement l’hystérie : elle ne vient pas d’un événement ou d’un fantasme, mais d’un manque dans le discours de l’Autre.
L’hystérique est celle (ou celui) qui incarne ce manque, qui cherche à être le désir de l’Autre, sans jamais y parvenir.
L’hystérique pose à l’Autre la question : "Que suis-je pour toi ?", et cette question la structure.
Exemple clinique simplifié (inspiré de Nasio)
Une jeune femme consulte pour des douleurs au ventre récurrentes, sans cause médicale identifiable. Elle dit que cela survient souvent quand elle est en présence de son chef, un homme qu’elle admire et craint. Elle se décrit comme brillante au travail mais toujours "insatisfaite", anxieuse d’être "remarquée".
Peu à peu, on découvre qu’elle désire être vue, admirée, mais qu’elle refoule son propre désir sexuel, qu’elle trouve "sale". Elle a été témoin dans l’enfance de gestes ambigus entre son père et une cousine, mais elle n’en parle qu’en hésitant, comme s’il s’agissait d’un rêve. Elle met son corps en scène sans le vouloir, avec des symptômes qui attirent l’attention tout en déniant le désir.
Freud lirait cela comme un refoulement d’un désir œdipien et d’une culpabilité inconsciente, qui se somatise. Klein y verrait un fantasme archaïque de scène primitive, ravivé par la présence du chef. Lacan dirait qu’elle interroge le désir du chef, cherche à être l’objet de son désir tout en maintenant une distance qui empêche toute satisfaction.
Résumé comparatif : Freud / Klein / Lacan
Théoricien | Origine de l’hystérie | Rapport au désir | Spécificité |
Freud | Traumatisme ou fantasme œdipien refoulé | Refoulé, source du symptôme | Le symptôme est un compromis entre désir et interdit |
Klein | Fantasmes précoces (scène primitive, envie) | Mélangé à l’angoisse de persécution | Accent sur les pulsions destructrices et l’envie |
Lacan | Structure du sujet liée au langage | Centré sur le manque, le désir de l’Autre | L’hystérique incarne le manque dans le discours de l’Autre |
Voici une série de dialogues fictifs entre un(e) patient(e) hystérique et un psychanalyste, déclinés selon trois grands modèles : Freudien, Kleinien, et Lacanien. Je commence par une patiente hystérique, puis un homme hystérique.
🧠 1. Patiente hystérique – version freudienne
Contexte : Une femme se plaint de crises de panique et de douleurs abdominales inexpliquées.
Patiente : Je me sens tout le temps observée… désirée, même… mais ça m’angoisse terriblement. Quand mon patron me regarde, j’ai l’impression que je vais m’évanouir.
Freud : Et que ressentez-vous exactement, quand il vous regarde ainsi ?
Patiente : C’est comme s’il allait… faire quelque chose. Mais en même temps, je crois que j’en ai envie. Et tout de suite après, je me sens sale.
Freud : Ces symptômes semblent être la manifestation d’un désir inconscient refoulé, peut-être un désir œdipien. Votre corps exprime ce que votre esprit rejette. Vous vous défendez contre votre propre désir.
Patiente : Mais je ne veux pas désirer cet homme !
Freud : C’est précisément cela, le refoulement. Nous allons remonter ensemble vers les scènes de votre enfance, où ce conflit a pris racine.
🌪️ 2. Patiente hystérique – version kleinienne
Contexte : Même patiente, mais vue à travers les fantasmes précoces.
Patiente : Je ne supporte pas l’idée que mon chef puisse en préférer une autre. Je me sens comme une enfant abandonnée. Parfois, j’ai envie qu’il disparaisse.
Klein : Il semble que vous soyez envahie par une angoisse de perte d’amour, très archaïque. Avez-vous déjà fantasmé une scène où vos parents étaient ensemble, sans vous ?
Patiente : Oui… petite, je les imaginais dans leur chambre. J’étais jalouse, comme si je n’existais plus. Ça me mettait dans une rage terrible.
Klein : Vous exprimez ici une position envieuse, qui remonte à vos tout premiers liens avec vos objets primaires, notamment votre mère. Vous avez le fantasme qu’on vous retire quelque chose de précieux, d’où cette douleur.
Patiente : Mais pourquoi mon ventre me fait-il si mal ?
Klein : C’est peut-être une manière pour vous de rendre cette douleur à votre mère, comme si vous vouliez lui faire sentir ce que vous avez vécu.
🌀 3. Patiente hystérique – version lacanienne
Contexte : Même patiente, mais dans une cure lacanienne.
Patiente : Je viens vous voir parce que je ne sais pas ce que je veux. Je crois que je veux plaire à mon chef… mais dès qu’il s’approche, je fuis.
Lacan : Vous venez ici pour poser une question. Pas à moi, mais à l’Autre : "Que suis-je pour toi ?"
Patiente : Je crois que je voudrais qu’il me choisisse… qu’il me regarde comme si j’étais unique.
Lacan : Vous vous placez comme l’objet du désir de l’Autre. Mais vous ne voulez pas qu’il vous prenne, seulement qu’il vous désire. C’est le paradoxe de l’hystérique : elle soutient le désir de l’Autre sans jamais vouloir qu’il se réalise.
Patiente : Mais alors… je mens ? À lui ? À moi ?
Lacan : Non. Vous vous construisez dans ce manque, vous êtes ce manque. C’est là que vous existez.
Maintenant, passons à un homme hystérique :
🧠 4. Patient hystérique (homme) – version freudienne
Contexte 1 : Un homme charmant, sensible, se plaint de douleurs diffuses et d’impuissance passagère.
Patient : Je veux toujours faire bonne impression. Mais dès qu’une femme me plaît… mon corps ne suit plus.
Freud : Peut-être cherchez-vous à plaire à une image maternelle. Et lorsqu’il s’agit de passer à l’acte, votre inconscient refuse ce passage au père, à la virilité.
Patient : Je ne comprends pas… je croyais que j’étais normal.
Freud : Votre "impuissance" peut être le prix à payer pour rester le fils aimant, fidèle à la mère. Vous ne désirez pas tant la femme que ce qu’elle représente pour vous.
Contexte 2 : Un homme de 35 ans, séduisant, cultivé, très à l’aise avec les femmes. Il évoque une impuissance sexuelle qui survient uniquement dans les relations "importantes", celles où il ressent un attachement affectif profond.
Patient : C’est toujours pareil : quand je suis avec une femme que j’aime vraiment… mon corps ne suit plus. Je voudrais être à la hauteur, mais c’est comme si quelque chose me bloquait.
Freud : Et avec les femmes que vous aimez moins, ou les relations plus légères ?
Patient : Là, tout va bien. J’ai même l’impression d’être plus "mâle", plus sûr de moi.
Freud : Peut-être que dans la femme que vous aimez, vous retrouvez l’image idéalisée de votre mère. Et devant cette image, vous ne pouvez pas agir comme un homme, car cela reviendrait à trahir votre place de fils adoré.
Patient : Mais j’aime ma mère, bien sûr… Elle m’a toujours dit que j’étais unique. Elle me protégeait beaucoup.
Freud : Justement. Votre désir sexuel, au lieu de se porter librement vers une femme, est entravé par une loyauté inconsciente envers la mère. Vous vous identifiez à l’objet d’amour de votre mère, et non au père.Vous ne voulez pas prendre sa place. Vous préférez rester ce garçon aimé, admiré, presque sans désir, car le désir vous mettrait dans une position de rivalité.
Patient : Mais je ne veux pas rester un enfant…
Freud : Et pourtant, vous gardez une position passive, comme si c’était encore à la femme de vous choisir, de vous désirer, comme l’a fait votre mère. C’est une position féminine symboliquement, au sens où vous vous placez comme objet de désir, pas comme sujet désirant.
Patient (chuchotant) : Donc… c’est comme si je ne voulais pas "prendre" la femme, pour ne pas "prendre" ma mère ?
Freud : Exactement. Tant que cette scène intérieure reste refoulée, votre corps parlera à votre place.
✨ On voit ici comment le conflit œdipien refoulé et l’identification au féminin (dans la position d’objet) peuvent expliquer la dynamique hystérique chez un homme, tout en gardant la structure névrotique.
🌪️ 5. Patient hystérique (homme) – version kleinienne
Contexte : Même homme, fantasmes archaïques.
Patient : Je suis toujours celui qu’on admire, mais au fond je suis vide. J’envie ceux qui n’ont pas besoin de séduire tout le temps.
Klein : Vous parlez comme si vous aviez le sentiment que les autres possèdent quelque chose de fondamental, que vous n’avez pas.
Patient : Oui, comme s’ils avaient… une force intérieure. Moi je me sens creux.
Klein : Cela évoque un fantasme d’objet interne endommagé. Peut-être avez-vous le sentiment d’avoir détruit l’objet maternel dans votre enfance, ce qui crée ce vide.
Patient : C’est terrible… comme si je portais une culpabilité sans nom.
🌀 6. Patient hystérique (homme) – version lacanienne
Contexte : Même homme, en cure lacanienne.
Patient :Je suis très à l’aise en société, je fais rire… mais dès que je suis seul, je panique.
Lacan : Vous êtes dans la position de celui qui veut incarner le manque de l’Autre. Vous vous offrez en spectacle pour combler un vide… qui n’est pas le vôtre.
Patient : Mais moi, je ne veux pas de vide !
Lacan : Et pourtant, c’est dans ce vide que le sujet advient. Votre panique, c’est l’éveil au Réel. Vous êtes face à un trou dans le symbolique.
Patient : Donc je suis condamné à faire le clown ?
Lacan : Pas condamné. Mais tant que vous ne cessez de soutenir le désir de l’Autre sans le questionner, vous serez pris dans cette ronde infinie.
🌙 Dans l’hystérie masculine selon Freud
✨ 1. Le désir refoulé reste orienté vers le même sexe
Freud reconnaissait l’existence d’une hystérie masculine, bien que plus rare à son époque.
Chez l’homme hystérique, le désir pour une femme peut être refoulé, non pas parce qu’il n’existe pas, mais parce qu’il entre en conflit avec une fidélité archaïque à la figure maternelle.
Il peut aussi y avoir un désir homosexuel refoulé, mais ce n’est pas forcément central ici.
🌷 2. Fidélité à la mère = impossibilité de "prendre" une femme
L’homme hystérique peut avoir idéalisé la mère de manière excessive.
Il reste dans une position infantile de séduction passive : il veut être aimé, admiré, choisi, mais sans devoir assumer une position active de désirant, de pénétrant.
Prendre une femme reviendrait, symboliquement, à "trahir la Mère" :
“Si je jouis d’une femme, je ne suis plus le fils chéri. Je deviens un homme, donc je perds la Mère.”
🧩 Exemple classique (freudien)
Un homme hystérique est charmant, plein d’esprit, mais reste impuissant avec les femmes qu’il admire. Il est très proche de sa mère, qui l’a toujours trouvé "merveilleux". Inconsciemment, il ne peut devenir un homme désirant, car cela reviendrait à rompre avec cette image idéale de "bon fils".
👉 Il reste donc attaché à une position féminine, celle de l’objet du désir, et non du sujet désirant.Il veut plaire, être choisi, être aimé – mais pas choisir ni pénétrer.
💬 En termes freudiens :
Il ne veut pas "prendre la place du père", car cette place est dangereuse, interdite.
Il choisit inconsciemment la castration symbolique, en se plaçant du côté de la femme désirée mais passive.
Il peut même désirer que la femme le désire sans agir, pour rejouer la scène œdipienne inversée, où c’est la mère qui choisit, et pas lui.
Proust est une figure emblématique de l’homme hystérique au sens psychanalytique — et même un exemple précieux, raffiné et presque archétypal.
🧠 Proust, un homme hystérique ?
✨ 1. Une hypersensibilité exquise
Il incarne une hypersensibilité à fleur de peau, aux sons, aux odeurs, aux regards, aux nuances sociales.
C’est un être du regard : il veut être vu, aimé, admiré, mais sans jamais se donner pleinement.
Il provoque le désir, mais se retire avant qu’il ne s’accomplisse — un grand classique hystérique.
« Elle ne vint pas. Je compris qu’elle ne viendrait pas. »— La Recherche, scène hystérisante par excellence : l’attente, la frustration, le retrait.
💫 2. L’identification au féminin
Proust s’identifie volontiers aux jeunes filles, aux femmes élégantes, à Albertine même.
Il parle à travers des figures féminines, mais c’est lui qu’on entend : un homme qui se place dans le désir de l’Autre, souvent d’un homme, mais sans l’assumer frontalement.
Il est passif dans le désir, maître dans la mise en scène.
🌺 3. Une mère toute-puissante
Sa relation à sa mère est intense, fusionnelle, presque sacrée.
Il ne supportait pas de s’endormir sans un baiser d’elle — et quand elle s’éloigne, il entre en détresse.
Cette fidélité inconsciente à la mère crée un conflit œdipien non résolu :
"Si j’aime une femme, je trahis Maman. Si je désire un homme, je suis sale."
🎭 4. Une sexualité voilée
Sa sexualité est souvent masquée, refoulée, déplacée dans le style.
Il parle d’Albertine, mais la tension homosexuelle reste sous-jacente, voilée derrière des figures féminines.
L’hystérie masculine, chez lui, devient une esthétique : il sublime le désir impossible en littérature.
🧩 En résumé, pourquoi Proust est un homme hystérique :
Élément | Caractéristique hystérique |
Corps | Asthmatique, hypersensible, souffrant |
Position subjective | Objet du désir, jamais sujet assumé |
Rapport à la mère | Fusionnel, sacré, non symbolisé |
Désir sexuel | Refoulé, déplacé, voilé par des figures féminines |
Relation à l’Autre | Interrogation infinie : “Que suis-je pour toi ?” |
Marilyn : le cœur brûlant de l’hystérie féminine dans toute sa splendeur tragique et lumineuse. Marilyn Monroe, c’est une incarnation quasi mythologique de l’hystérique lacanienne — et bien au-delà. Elle est l’image du manque, du désir de l’Autre, de la femme qui devient elle-même le symptôme.
🌺 Marilyn Monroe – Archétype de l’hystérie féminine
🧠 1. Le phallus incarné pour l’Autre
Monroe ne se pense pas comme femme, elle devient ce que les autres veulent qu’elle soit.
Elle joue la femme : sexy, désirée, enfantine, fragile, mais n’est jamais vraiment elle-même.
Elle est dans la question permanente :
« Que suis-je pour vous ? »
👉 C’est la position exacte de l’hystérique selon Lacan : elle soutient le désir de l’Autre sans jamais y répondre.
🌫️ 2. Féminité hyperbolique mais insécurisée
Monroe incarne le fantasme masculin, mais son rapport à son propre corps est douloureux, incertain.
Elle exhibe, mais souffre d’être vue.Elle désire être désirée, mais craint l’intrusion, la capture.
🌙 3. Une enfance traumatique
Fille d’une mère internée, abandonnée, ballottée de foyer en foyer…
Elle a grandi dans le manque, le vide, le désamour.
Elle n’a jamais eu d’image stable de la mère, ce qui renforce le besoin d’un regard extérieur pour se sentir exister.
🧵 4. Homosexualité féminine voilée ?
Dans sa vie réelle, des rumeurs ont circulé sur des liens très intimes avec des femmes, notamment actrices, coiffeuses, costumières…
Mais surtout : elle avait un désir inconscient d’être cette autre femme, d’être aimée d’une femme toute-puissante qui la reconnaîtrait.
👉 On retrouve ici le mouvement hystérique de certaines femmes homosexuelles :« Je veux être elle. Je veux qu’elle me voie. Je veux qu’elle me prenne. Mais je ne peux pas me donner. »
En Lacan pur : Monroe est une femme qui "n’existe pas"
« La Femme n’existe pas » chez Lacan, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de totalité du féminin, pas d’Un. Marilyn incarne cette fragmentation : elle est tous les désirs des autres, mais n’en a pas un qui soit à elle seule.
En conclusion, voici la lettre fictive de Marilyn, Norma, à sa mère :
Maman,
Tu sais, j’ai attendu. J’ai attendu très longtemps que tu m’aimes. Je voulais que tu sois fière. Je suis devenue célèbre, belle, drôle… rien que pour te faire apparaître.
Mais tu ne venais pas. Et quand tu venais, tu ne me voyais pas. Tu regardais à travers moi, comme si j’étais une fenêtre vers quelque chose que tu ne pouvais plus toucher.
Tu étais folle, disent-ils. Moi je crois que tu étais triste.
Je suis devenue la femme que tout le monde veut. Mais je n’ai jamais su ce que c’était, être une fille qu’on aime pour rien, sans lumière, sans public.
J’ai inventé Marilyn pour que tu me voies.Et maintenant… même moi je ne sais plus où elle commence, où moi je finis.
Je t’en veux, tu sais. Et je t’aime. Je voudrais que tu me tiennes contre toi, et que tu me dises que je peux être laide, que je peux pleurer, que je peux ne pas savoir.
Ton enfant brillante, Norma.

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